Rêvé par un kinésithérapeute passionné d’escalade, le “ rocher ” de l’Institut d’éducation motrice de Ballan-Miré s’élève au-dessus du handicap.
U n projet complètement dingue est sorti de terre à l’Institut d’éducation motrice Charlemagne, à Ballan-Miré. Abordable par les quatre faces et haut de huit mètres, la structure artificielle d’escalade se dresse dans le jardin de cette structure qui prend en charge soixante enfants de 4 à 20 ans pour leur infirmité motrice cérébrale.
Beaucoup étaient en fauteuil, jeudi, pour la seconde inauguration de ce « rocher » qui sera utilisé par les petits pensionnaires dès le retour des beaux jours.
« L’idée est vraiment que cela puisse servir à tous les enfants quel que soit leur niveau de handicap », se projette Pascal Marchand, kinésithérapeute à l’IEM et président de la Cordée jocondienne, section du Club alpin Touraine.
Séances de kiné alternatives
Faire escalader des enfants qui ne tiennent pas sur leurs pieds ? Inspiré par une structure utilisée pour la rééducation de soldats blessés au Royaume-Uni, le volume dessiné par le kinésithérapeute tourangeau, sans équivalent en France, offre une paroi en fort dévers positif dans lequel sont creusées des marches, une armature d’assurage qui permet de hisser une personne, une tyrolienne…
Ce pari fou a facilement séduit les financeurs (*) mais « le plus dur a été de penser tous les aspects sécuritaires », précise Pascal Marchand. Sans rien enlever à la portée thérapeutique de l’exercice.
« Le projet a été pensé pour proposer des séances de kinésithérapie alternative » à des enfants qui doivent s’y astreindre plusieurs fois par semaine, pendant des années,rappelle la directrice de l’IEM, Murielle Bonnot.
« L’escalade permet de travailler le renforcement musculaire, la coordination, l’équilibre, abonde Pascal Marchand. On voit des enfants faire des choses que l’on n’obtiendrait pas en séance de kiné classique, la motivation est autre. Ils se dépassent. » La folie du projet est contagieuse.
Donovan, 18 ans, s’est joint, depuis septembre, au groupe de l’IEM qui pratique chaque lundi en salle à Saint-Pierre-des-Corps sur un mur « classique ». Lui qui « marche en cane tripode ou en déambulateur » a réussi à monter « jusqu’en haut » lorsqu’il a essayé le rocher de l’IEM en novembre.
« Il y a une sensation qui se dégage… Je ne savais pas jusqu’où je pourrais monter et ça fait vraiment plaisir d’arriver en haut », témoigne-t-il. Physiquement, il assure avoir senti une progression au fil des séances. Dans la tête aussi, même si les mots sont difficiles à trouver.
Peut-être quelque chose qui se rapproche du vent caressant son visage lors de la descente en tyrolienne. « Ce sont des jeunes qui manquent d’expériences motrices, même les plus simples que nous avons tous vécus enfants en faisant des bêtises », confirme Pascal Marchand.
Au pied du bloc, alors que les quatre kinés de l’établissement font le show déguisé en super-héros, des cris et des applaudissements montent des fauteuils. Rendez-vous au printemps, pour tous.
La structure a représenté un investissement de 178.000 € financés en partie par la fondation Oxylane, par l’opération Pièces jaunes (37.000 €), des entreprises du département, des fournisseurs de l’IEM, ainsi que sur les fonds propres de l’institut.
